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Le déclin de l’Empire Whiting

Un roman de Richard Russo.
Paru en 2002.

Empire Falls, petite ville du Maine,  fut autrefois un important centre industriel, notamment textile. Mais à présent que les principales industries ont fait faillites et ont fermé les unes après les autres, c’est l’ennui qui domine dans la petite ville. Les endroits qui ont le plus de succès sont les cafés et les bars. Suite à la mort de son mari, Francine Whiting a hérité de quasiment toute la ville. Elle cherche à revendre les bâtisses des anciennes industries, mais garde une affection toute particulière pour l’Empire Grill et son gérant, Miles Roby.

Ce splendide roman, entre fresque romanesque et historique, nous conte la vie de  Miles Roby, le gérant de l’Empire Grill, et de ses proches. Hanté par le souvenir de Grace Roby, sa mère et préoccupé par l’avenir de sa fille Tick, 16 ans alors qu’il est en plein divorce, il se bat pour faire tourner l’Empire Grill. En effet, à Empire Falls, tout ou presque – y compris l’Empire Grill – est possédé par Mme Francine Whiting, l’héritière de l’empire Whiting. La découverte de lourds secrets de famille, reliant directement la famille Roby aux Whiting, va bouleverser la vie Miles.

Ce roman est ce que je qualifierais de pavé, et pourtant pas un instant, pas une seconde, je me suis ennuyée. Tout se déroule naturellement, le style est fluide… Richard Russo sait décrire avec beaucoup de justesse la vie des petites gens  déshéritées du Maine, et toujours avec beaucoup d’humour. Les pages se tournent les unes après les autres sans qu’on le remarquent vraiment et j’ai eu un réel pincement au coeur quand il a fallu refermer le roman et quitter Miles, Tick, Grace, David, Mme Whiting, sa fille et les autres…

Un réel coup de coeur!

Russo Richard, Le déclin de l’Empire Whiting, éditions 10/18, domaine étranger, 2004, 633 pages.

Le dernier crâne de M. de Sade

Un roman de Jacques Chessex.
Paru en décembre 2009 aux éditions Grasset.

Ce roman publié posthume, environ deux mois après la mort de son auteur, se divise en deux partie plutôt inégales. La première relate les dernières semaines de la vie de M. de Sade à Charenton où il était enfermé. La seconde partie, raconté par le narrateur, tente de suivre les péripéties vécu par le crâne de M. de Sade, mais aussi les péripéties que fait vivre le crâne à ces propriétaires.

J’ai découvert Jacques Chessex avec Le vampire de Ropraz au début de l’année 2008 et ce fut pour moi un véritable coup de coeur pour le style et l’écriture de l’auteur. Je m’étais renseigné sur l’auteur, j’avais répertorié ces romans, je voulais absolument en découvrir plus et puis j’ai oublié… En octobre, lorsque j’ai entendu que Jacques Chessex venait de mourir, ça m’a fait un choc et j’ai repensé à ces romans. C’est donc tout naturellement que début du mois de janvier, lors d’un passage dans ma petite librairie de quartier, j’ai acheté ce roman.

Donatien Alphonse François, marquis de Sade, aura passé plus du tiers de sa vie enfermé, que ce soit dans une prison ou dans un asile d’aliénés. Et c’est à Charenton, que s’ouvre le roman, quelques mois avant sa mort. M. de Sade est un vieillard de 74 ans, son corps s’est beaucoup dégradé, mais il n’empêche qu’il conserve l’oeil bleu et vif et ses pulsions de toutes sortes. C’est notamment la jeune Madeleine Leclerc, 16 ans, qui en fait les frais sous l’apparente complicité de sa mère, l’infirmière-concierge de Charenton. Que ce soit l’abbé Fleuret ou le docteur Doucet, tout le monde semble passé les pires caprices du marquis, seul l’abbé Geoffroy se doute des penchants du « monstre » et veut essayer de le mater. On vit ainsi au jour le jour au côté du vieux marquis jusqu’au jour de sa mort.

Dans la seconde partie, le narrateur part à la recherche du crâne de M. de Sade. Rapidement, on comprend que plusieurs crânes ont été moulés sur le vrai crâne du marquis, mais que tous conservent un pouvoir maléfique, le pouvoir de contrôler le comportement des gens qui le croisent. Mais je vous laisse découvrir ces mésaventures.

Le dernier crâne de M. de Sade est moins grave, moins sérieux que le vampire de Ropraz. Le sujet prête plus à sourire. On reconnait bien le style de Chessex, cette violence dans les propos, les descriptions très crues. Mais ce qu’il me reste vraiment en tête au moment de refermer le livre, c’est l’écho de la mort de l’auteur… Le dernier roman de Jacques Chessex.

Chessex Jacques, Le dernier crâne de M. de Sade,  Editions Grasset, décembre 2009, 171 pages.

La Madone des enterrements

Un roman de Madeleine Wickham connu sous le pseudonyme de Sophie Kinsella.
Paru en décembre 1999 aux éditions Belfond.

Fleur Daxeny est une très belle femme de la quarantaine, resplendissante et épanouit. Elle a toujours rêvé d’être riche, d’avoir assez d’argent pour se payer tout ce qu’elle désire et surtout sa liberté. Elle a trouvé la parade en se rendant régulièrement dans des services funèbres afin de séduire les jeunes et riches veufs. Ce qui l’intéresse, c’est d’avoir accès le plus rapidement possible à du cash et une carte de crédit qu’elle s’empresse de vider, mais pas trop, pour éviter toute poursuite.

A un de ces services funèbres, elle jète son dévolu sur Richard Favour. Elle ne doute pas arriver à ses fins. Mais contrairement à ce qu’elle pense, la famille de son promis va s’avouer bien encombrante… Et elle va vite comprendre qu’elle n’est pas la seule à vouloir plumer le gentil Richard…

Je ne suis vraiment pas très fan de chick lit, mais j’aime bien commencer l’année avec un roman léger. Je dois bien avouer que je n’attendais pas grand chose de ce roman et que pour le coup j’ai été plutôt agréablement surprise.

L’intrigue se situe en Angleterre, de nos jours, dans la petite bourgeoisie de campagne. Fleur est une belle plante d’une quarantaine d’année squi passe son temps à tenter de plumer les riches veufs. Bien évidemment, avec un tel caractère et un tel comportement, on ne peut que détester Fleur. Mais au fur à à mesure qu’on tourne les pages, on apprend à la connaître, on commence à comprendre son raisonnement et son histoire et même si on a toujours envie de la détester, elle nous paraît moins odieuse. Et puis finalement, il s’avère que ce n’est peut être pas elle la plus dangereuse pour Richard Favour, mais bien sa propre famille.  On se prendrait presque de pitié pour l’austère mais gentil Richard qui ne se doute de rien et est toujours prêt à pardonner…

Un roman léger, lu en deux après-midis, que j’aurai vite oublié mais qui m’a fait passer un bon moment…

Wickham Madeleine, La madone des enterrements, Editions France Loisirs, collection Piment, 2009, 378 pages.

La lignée

Un roman de Guillermo del Toro et Chuck Hogan.
Paru en septembre 2009.

Un avion en provenance de Berlin atterrit à New-York. Au dernier moment, la communication est totalement rompue avec la tour de contrôle. L’avion se pose sans incident sur la piste, mais il est immobile, sans que personne ne puisse joindre les personnes à l’intérieur, toutes lumières éteintes.

Ephraïm Goddweather, épidémiologiste pour le CDC et son équipe arrivent sur place. Personne ne sait ce qui est arrivé aux 200 passagers. Quand enfin la porte de secours de l’avion s’ouvre, tous les passagers semblent sagement endormis mais tous sont morts.

Après plus ample vérification, il apparait que quatre passagers ont survécu et ne souffrent que de douleurs à la gorge. Les corps sont emmenés dans différentes morgues de la ville et les quatre survivants à l’hôpital. Que c’est-il passé à bord du vol 753? Ont-ils été victime d’un attentat au gaz? d’une bactérie foudroyante? Rien n’est moins sûr.

Lorsque le soir même, tous les corps disparaissent des différentes morgues, qu’un mystérieux cercueil rempli de terre découvert à bord du vol mais non enregistré à Berlin disparait également, Ephraïm Goodweather commence à se poser des questions… Quand un vieil homme aux doigts étrangement crochu lui fait d’étranges révélations, Ephraïm finit par se lancer dans l’aventure, pour la survie de l’humanité…

La carrière cinématographique de Guillermo del Toro se fait largement sentir dans ce roman, il se lit un peu comme on regarde un film: les allers-retours sur les personnages, les allers-retours dans le temps, les plans sur les différents et nombreux personnages, … Le roman se lit très facilement. Le style est fluide.

Mais la multiplication des personnages, dans la première partie du roman, m’a un peu dérouté au départ. On parle des uns et des autres, on nomme les uns puis les autres, je me suis sentie un peu perdu. Mais finalement chacun aura son rôle à jouer.

Dès les premières pages du roman, on sent un Mal invisible flotter sur les personnages, mais ni les protagonistes, ni même le lecteur ne peut l’identifier. L’atmosphère est pesante, angoissante, la violence toujours sous-jacente. Il s’agit, comme tout le monde l’aura comprit, d’un roman qui traite des vampires. Mais le mythe du vampire est totalement revisité et modernisé par Guillermo del Toro. Le vampire n’a plu rien de romantique. Il n’est qu’un virus, un fléau qui ne peut qu’éradiquer l’espèce humaine à terme. Dans un premier temps, j’ai été déroutée par ce traitement du mythe. Surtout lorsque l’on voit apparaitre des vampires qui ne mordent pas leur victime, mais ont un appendice qui poussent dans leur bouche et projettent un aiguillon pour vider leur victime de leur sang. Mais finalement, on s’habitude, on se laisse prendre au jeu.

En discutant autour de moi de ce traitement du mythe des vampires, j’ai appris que Guillermo del Toro avait déja traité les vampires de cette manière dans Blade II. Il est donc prévu que je le visionne très rapidement…

Un roman qui se lit facilement, les pages se tournent rapidement. On se laisse prendre dans cette traque aux vampires avec beaucoup de facilités… J’ai hâte de lire la suite.

Del Toro Guillermo et Chuck Hogan La Lignée Editions de Noyelle, septembre 2009, 447 pages.