Un roman de Bi Feiyu.
Paru en 2004 aux Editions Actes Sud.
Première publication de cet article en février 2008.
Hongdou n’est pas celui qu’on attendait de lui. Il n’est pas non plus celui que son père, héros de la guerre de Corée, aurait voulu qu’il soit. Il n’adhère pas vraiment aux valeurs masculines qu’on lui a inculqué et se comporte un peu comme une fille manquée.
Envers et contre tout, Hongdou est envoyé sur le front lors du conflit sino-vietnamien de 1979, comme tous les camarades se son âge. Il traverse cette expérience comme un véritable cauchemar dont il ne sortira plus. Au plis profond de lui, quelque chose s’est brise. Son impuissance à répondre au modèle qu’on lui impose va le conduire droit à la folie et à la mort.
C’est à travers les yeux du meilleur ami de Hongdou que l’on découvre la courte vie de ce jeune homme. Il s’agit de l’histoire d’un destin manqué, de l’histoire d’un jeune homme qui ne se sent à sa place nul part et surtout pas face à son père, un héros de guerre. Alors que les autres garçons s’occupent à des jeux de combats, Hongdou lui préfère faire sortir des notes mélancoliques de son erhu.
Tout bascule le jour où il s’engage dans l’armée et doit partir au combat…
Bi Feiyu rend hommage aux personnes qui ne trouvent pas le courage de sortir des chemins qu’on a tracé pour eux. L’auteur y prône également le droit à la différence. Mais il s’agit également d’une très belle histoire d’amitié entre deux hommes. Jamais le narrateur ne juge son ami, il le soutien jusqu’au bout, le respecte quoi qu’il advienne.
L’écriture est simple et délicate. J’y ai retrouvé le style de la littérature japonaise que j’aime tant. Par certains aspects, notamment ce malaise qui s’insinue progressivement à la lecture du roman, il m’a fait penser au style de Yoko Ogawa.
Un récit touchant et dur à la fois.