Un roman de Jacques Chessex.
Paru en décembre 2009 aux éditions Grasset.
Ce roman publié posthume, environ deux mois après la mort de son auteur, se divise en deux partie plutôt inégales. La première relate les dernières semaines de la vie de M. de Sade à Charenton où il était enfermé. La seconde partie, raconté par le narrateur, tente de suivre les péripéties vécu par le crâne de M. de Sade, mais aussi les péripéties que fait vivre le crâne à ces propriétaires.
J’ai découvert Jacques Chessex avec Le vampire de Ropraz au début de l’année 2008 et ce fut pour moi un véritable coup de coeur pour le style et l’écriture de l’auteur. Je m’étais renseigné sur l’auteur, j’avais répertorié ces romans, je voulais absolument en découvrir plus et puis j’ai oublié… En octobre, lorsque j’ai entendu que Jacques Chessex venait de mourir, ça m’a fait un choc et j’ai repensé à ces romans. C’est donc tout naturellement que début du mois de janvier, lors d’un passage dans ma petite librairie de quartier, j’ai acheté ce roman.
Donatien Alphonse François, marquis de Sade, aura passé plus du tiers de sa vie enfermé, que ce soit dans une prison ou dans un asile d’aliénés. Et c’est à Charenton, que s’ouvre le roman, quelques mois avant sa mort. M. de Sade est un vieillard de 74 ans, son corps s’est beaucoup dégradé, mais il n’empêche qu’il conserve l’oeil bleu et vif et ses pulsions de toutes sortes. C’est notamment la jeune Madeleine Leclerc, 16 ans, qui en fait les frais sous l’apparente complicité de sa mère, l’infirmière-concierge de Charenton. Que ce soit l’abbé Fleuret ou le docteur Doucet, tout le monde semble passé les pires caprices du marquis, seul l’abbé Geoffroy se doute des penchants du « monstre » et veut essayer de le mater. On vit ainsi au jour le jour au côté du vieux marquis jusqu’au jour de sa mort.
Dans la seconde partie, le narrateur part à la recherche du crâne de M. de Sade. Rapidement, on comprend que plusieurs crânes ont été moulés sur le vrai crâne du marquis, mais que tous conservent un pouvoir maléfique, le pouvoir de contrôler le comportement des gens qui le croisent. Mais je vous laisse découvrir ces mésaventures.
Le dernier crâne de M. de Sade est moins grave, moins sérieux que le vampire de Ropraz. Le sujet prête plus à sourire. On reconnait bien le style de Chessex, cette violence dans les propos, les descriptions très crues. Mais ce qu’il me reste vraiment en tête au moment de refermer le livre, c’est l’écho de la mort de l’auteur… Le dernier roman de Jacques Chessex.
Chessex Jacques, Le dernier crâne de M. de Sade, Editions Grasset, décembre 2009, 171 pages.
Je n’ai jamais rien lu de lui même si plusieurs titres sont sur ma LAL ! Mais je me rappelle quand ils ont annoncé son décès à la télé !
S’il a réussi à vous paraître moins grave, c’est tout à l’honneur de l’écrivain et de son style accompli… car c’est bien de la tragédie de l’humain né pour mourir, et de la mauvaise magie qui s’ensuit de cet égarement, dont il s’agit…
@ Joelle: C’est un auteur que j’aime beaucoup! J’ai bien l’intention de poursuivre tout doucement la découverte de son oeuvre…
@ Myriam: Il est bien vrai que le sujet est grave puisqu’il n’est autre que la mort et la décrépitude du corps tout au moins dans la première partie, mais Jacques Chessex à traiter le sujet de telle manière qu’on sent moins la gravité que l’originalité sans borne du personnage. C’est avec un grand intérêt que je vais continuer à découvrir son oeuvre.