Archive for » août, 2010 «

Au-delà du mal

Un roman de Shane Stevens.
Paru en 2009 aux éditions France Loisirs.
Première parution aux États Unis en 1979.

Thomas Bishop est interné depuis quinze ans en institut psychiatrique suite à l’assassinat de sa mère, alors qu’il était encore un enfant de dix ans. Avec une soif de vengeance sans bornes, il établit un plan machiavélique afin de s’échapper de l’hôpital et de mener à bien la mission dont il croit être investi. Il entame un périple meurtrier à travers tous les États-Unis. La rumeur, puis la psychose enfle, tandis que Bishop sème la mort. La police s’organise, même la mafia et la presse se joignent à eux, et lance une immense chasse à l’homme.

Avec Au-delà du mal, Shane Stevens – qui est très vraisemblablement un pseudonyme – a écrit un des romans fondateurs du roman de serial-killer. Moi qui suis une grande amatrice du genre, je ne pouvais pas passer à côté de ce roman. C’est un pavé de plus de 900 pages, mais dès les premières pages, on est pris dans la frénésie de la course poursuite. Tantôt dans l’esprit de Thomas Bishop, tantôt dans l’esprit de ceux qui le poursuivent, on cherche à comprendre ce qui a mené cet homme à devenir ce qu’il est, comment les médecins qui l’on soigné durant toutes son adolescence ont pu ne rien soupçonner. Les passages du roman où le lecteur se retrouve dans la tête de Thomas Bishop sont particulièrement éprouvant, on  pourrait presque comprendre son raisonnement, on se sent rapidement mal à l’aise…

Toute l’Amérique se ligue bientôt contre le serial-killer: la police, la mafia, les journalistes, … Chacun espère le retrouver au plus vite et récolter les éloges. Adam Kenton est un des meilleurs journalistes d’investigation de Newstime. Il est rapidement détaché sur cette enquête et il a carte blanche dans la mesure où il arrive à dénicher Thomas Bishop avant tout le monde. Mais pour ne pas être accuser de rétention d’information par la police, il collabore plus ou moins et est totalement lâché par son entreprise qui niera tout en cas de complications.

Le roman est très bien écrit, les pages se tournent presque toutes seules. On attend le dénouement avec impatience. Qui est-ce qui va retrouver Thomas Bishop? Un très bon thriller que je conseille vivement aux amateurs d’histoire de serial-killer!

Stevens Shane, Au-delà du mal, éditions France Loisirs, 2009, 967 pages.


Le convoi de l’eau

Un roman d’Akira Yoshimura.
Paru en 2009 aux éditions Actes Sud.

Japon. Un homme étrange s’engage au sein d’une équipe chargée de construire un barrage de haute montagne. Il cherche à fuir son passé.
Perdu dans la brume, au fond de la vallée choisie pour abriter le lac de retenu, un hameau aux immenses maisons aux toits recouverts de mousse verte épaisse. Mais les travaux ne peuvent pas être remis en question par cette découverte: le hameau sera englouti sous les eaux.

Le narrateur est un homme mystérieux dont on découvre l’histoire au fil des pages. Parti de la ville, cherchant la solitude et fuyant les hommes, il s’est engagé dans le chantier du barrage K4. Dans ce hameau perdu au creux des montagnes et qui n’a été découvert que récemment, il trouve un écho à sa vie passée. Les habitants semblent fuir toute civilisation extérieure.
Les ouvriers et les ingénieurs s’installent sous des tentes, construisent des baraquements en bois et puis les travaux sont lancés avec leur lot de désagréments pour les habitants du hameau. Ces vagues de centaines d’ouvriers qui ont déferlé dans la petite vallée afin de procéder au sondage du terrain et aux travaux d’aménagement de voies de communication bousculent la vie des villageois même si ces derniers tentent au maximum de poursuivre leur paisible existence. Mais le destin du hameau est scellé…
Les couleurs et les paysages décrits dans ce roman sont absolument magnifique. Voilà bien longtemps que je n’avais plus lu un roman japonais. J’en avais presque oublié la teinte si particulière. Mais Akira Yoshimura m’a vite replongé dans cette atmosphère si typique et que j’apprécie tant. Les couleurs vives et éclatantes  sont mises en opposition à des couleurs pastels oniriques… L’humidité omniprésente  tout au long du roman, que ce soit par la pluie ou le fleuve, confère à ce roman une poésie toute particulière. Et même dans la description de l’horreur, même si aucun détail n’est épargné au lecteur,  la plume de l’auteur est douce et précise.
Un vrai régal pour une amatrice de littérature japonaise comme moi!

Yoshimura Akira, Le convoi de l’eau, Actes Sud, 2009, 174 pages.